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L’attention est une fonction cognitive complexe que nous utilisons pour pratiquement toutes nos activités quotidiennes. Elle est donc indispensable à l’ensemble des activités cognitives d’un individu.
L’époque que nous vivons se distingue par une surstimulation et un excès d’informations, de sollicitations extérieures et d’échanges. Cette abondance de stimulations est intensifiée par les contenus numériques que nous consommons tout au long de la journée, notamment sur les réseaux sociaux.
L’attention détermine votre vie mentale et finalement notre vie tout court. Elle est la clé de voûte qui permet une réelle connexion aux autres et à ce que nous faisons.
Se pose donc à l’heure actuelle la question de plus en plus de comment garder la maîtrise de son attention.
L’attention est nécessaire dans quasiment toutes nos tâches quotidiennes. Elle permet de se concentrer sur le travail en cours, d’intégrer des données, de comprendre des informations et d’émettre des pensées dirigées.
L’attention est également un facteur primordial de l’efficience cognitive, qu’il s’agisse de mémoriser, percevoir, ou résoudre des problèmes. Alliées à la concentration, les capacités de l’attention peuvent être très fortes. Néanmoins, lorsque l’attention est divisée entre plusieurs tâches, elle nécessite plus de ressources cérébrales, et fait appel à un temps de latence entre une tâche et une autre.
L’attention, dont la fonction est de sélectionner à chaque instant ce que le cerveau doit traiter en priorité est donc surstimulée, avec pour conséquence fréquente la perte d’attention et la difficulté de concentration.
Pourtant notre attention s’apprivoise, et nous allons tenter dans cet article de vous faire découvrir les mécanismes de notre cerveau qui dirigent notre attention au quotidien pour commencer à jouir d’une attention posée et affinée.
Comment fonctionne l’attention ?
L’attention est une ressource qui permet à l’individu de moduler et nuancer sa perception du monde extérieur, à savoir son environnement, et ce à travers les six sens. Elle nous permet également de nous relier à notre monde intérieur à travers nos pensées, nos sensations et nos émotions. L’attention est essentielle à nos processus de motivation, de priorisation, d’apprentissage et d’épanouissement.
L’attention se base alors sur les récepteurs sensoriels du cerveau qui gèrent l’audition, la vue, l’odorat, le toucher et le goût. L’attention correspond à la manière dont le cerveau gère un événement extérieur (un son, une image, une odeur) ou interne (une pensée ou un sentiment) puis porte et maintient cet événement à un certain niveau de conscience.
L’attention est l’une des fonctions les plus complexes du cerveau. C’est une fonction qui permet à l’individu de filtrer les stimuli, accueillir et traiter une information, et se concentrer pour atteindre un objectif.
Pour s’aider dans cette tâche, l’attention fait appel à un autre système, le système d’activation réticulaire (SAR). Également appelé système modulateur de contrôle extra-thalamique ou simplement ou système réticulé activateur (SRA), il se compose d’un ensemble de noyaux connectés dans le cerveau des vertébrés qui est responsable de la régulation de l’éveil et des transitions veille-sommeil.
Le SAR est une structure nerveuse du tronc cérébral qui se trouve en avant du cervelet, juste en dessous du cerveau, entre celui-ci et la moelle épinière. Il joue un peu le rôle d’intermédiaire, de filtre entre la partie consciente et la partie inconsciente de notre cerveau. En fonction de ce qui est important pour nous, ou identifier consciemment comme tel, le SAR trie et sélectionne toutes les informations qui sont importantes pour le sujet, et sur lesquelles il doit porter son attention.
Le Système d’activation réticulaire est un centre puissant d’attention du cerveau. C’est la clé pour « allumer votre cerveau » Vous pouvez délibérément programmer le système d’activation réticulaire en choisissant les messages exacts que vous envoyez depuis votre esprit conscient. Par exemple, vous pouvez vous fixer des objectifs, dire des affirmations, ou visualiser vos objectifs.
Les différentes formes de l’attention
Grâce à la recherche, nous comprenons aujourd’hui que l’attention n’est pas un processus unitaire mais qu’il peut se fragmenter en plusieurs « sous processus d’attention ».
- L’attention sélective ou focalisée.
Ce type d’attention permet de se focaliser sur un élément défini.
Lorsqu’un nombre important d’informations de notre environnement se présente à nos systèmes sensoriels, il est impossible de traiter toutes ces informations simultanément. Elles entrent naturellement en compétition.
Sans se couper mentalement des autres éléments perturbateurs ou de s’isoler physiquement, l’attention sélective, sélectionne parmi toutes ces informations, celles qu’elle devrait traiter en priorité, en fonction de leur pertinence pour l’action ou en fonction de nos attentes.
L’attention est donc indispensable à l’action et au fonctionnement cognitif en général. C’est elle qui permet, par exemple, à notre système visuel, non plus seulement de traiter et d’analyser de façon automatique un objet d’une scène visuelle, mais également de le percevoir consciemment. L’attention sélective se manifeste alors physiquement par une orientation du regard, voire de la tête et du tronc, vers l’information pertinente.
Un footballeur fait appel à son attention sélective lorsqu’il doit prendre une décision sur le terrain. Passer, tirer ou dribbler, il devra faire le choix de la solution la plus adéquate en inhibant les stimuli externes qui l’entourent (les autres joueurs, le bruit de la foule, etc…)
- L’attention divisée ou partagée
L’attention divisée ou partagée est notre capacité à diviser notre attention, c’est-à-dire à la partager entre plusieurs tâches simultanément.
Lorsqu’il s’agit d’activités routinières, telles que préparer un dîner tout en écoutant les infos à la radio, nous n’avons pas besoin de beaucoup de ressources attentionnelles.
En revanche, face à des situations non routinières, telle que préparer le dîner et aider son enfant à réaliser son exercice de mathématiques, tout en surveillant la cuisson du poisson au four, nos ressources attentionnelles sont mises à rude épreuve et leur allocation à une double tâche est plus délicate.
De la même manière, plus le nombre d’informations sur lesquelles l’attention doit porter simultanément est grand, plus important sera le besoin en ressources attentionnelles.
- L’attention soutenue
Nous faisons appel à notre attention soutenue lorsque nous réalisons une activité où nous devons maintenir notre attention de façon prolongée. C’est la capacité à conserver une activité cognitive sur une longue durée et avec persistance.
Par exemple, lorsque j’écris cet article sur l’attention, je dois lire et traiter l’information pendant plusieurs heures. Ça nécessite donc un traitement actif de ma part car mon attention est impliquée dans une activité où il y a un flux continuel, rapide et important d’informations à traiter, tel que l’apprentissage.
- L’attention alternée
L’aspect le plus intéressant de la flexibilité mentale est la capacité que nous avons à changer de source d’attention et à réaliser des tâches très variées. Un exemple clair est lorsque nous préparons un plat assez complexe, qui nous oblige à travailler sur chaque ingrédient à des moments différents. Pour cela, nous devons changer de tâche sans oublier pour autant la tâche précédente car nous devrons y revenir peu de temps après.
L’économie de l’attention
Notre mental est programmé pour créer continuellement des pensées et vagabonder. Inutile de lutter contre les fluctuations du mental. La clé réside dans la capacité de chacun à prendre conscience de ses pensées, les noter, puis ramener délicatement son attention vers la tâche sur laquelle vous êtes concentré.
L’économie de l’attention, conçue par les plateformes sociales et les médias en ligne, a créé des applications qui rendent les individus addicts. Ceci a induit le phénomène de « checking compulsif ». Notre attention est donc détournée principalement à cause des outils que nous utilisons, comme le smartphone.
Notre cerveau sécrète de la dopamine, le neurotransmetteur qui est impliqué dans le circuit de la récompense mais également dans le contrôle moteur, l’attention, le plaisir, la motivation, la mémoire et la cognition.
Notre attention est déviée dès lors où notre smartphone nous transmet une information, les notifications par exemple, qui va induire cette sensation de la récompense.
Faites le test : prenez une feuille blanche et faites un trait chaque fois que vous consultez votre téléphone, allez sur YouTube ou consulter Facebook pendant votre journée de travail. Vous risquez d’être très surpris par le nombre de petits traits à la fin de la journée.
C’est une des principales raisons qui fait que le temps paraît nous échapper constamment. Et c’est précisément le fait de ne pas se focaliser entièrement à chaque tâche que nous réalisons, d’avoir l’esprit ailleurs pendant que nous faisons une chose, qui provoque cet effet de temps qui file comme du sable fin entre les doigts de la main.
Que l’attention soit avec vous !
L’attention n’est pas illimitée et c’est une faculté fragile qui peut être influencée par plusieurs facteurs internes ou externes. Nous gagnerons donc à en prendre soin afin de la maintenir et la stimuler pour réaliser les activités qui nous animent.
- La passion est l’amie de l’attention
Vous souvenez-vous d’un moment où vous étiez complètement plongé dans une activité et où vous vous êtes retrouvé dans un état maximal de concentration, de plein engagement, de satisfaction dans son accomplissement.
Probablement, cette activité vous stimulait au plus haut degré et vous avez eu beaucoup plus de facilité à solliciter toute votre attention.
Si nous ne nous sentons pas concernés par une tâche ou un sujet, il sera plus complexe de parvenir à se concentrer dessus.
- Les capacités ou ressources sollicitées
Si nous ne disposons pas de ressources cérébrales suffisantes (émotions fortes, automatismes, multitâches, …), de connaissances ou du savoir-faire nécessaire pour mener à bien une tâche, cela pourra effectivement nuire à notre attention.
- L’état psychologique et physique
Être dans de bonnes dispositions, aussi bien physiques que psychologiques est nécessaire pour être attentif. De ce fait, la pratique sportive, une alimentation équilibrée, la bonne gestion de son stress ne peuvent être que profitable.
- L’environnement
Un environnement calme, ordonné et reposant est définitivement ce dont vous avez besoin pour accroître votre capacité de concentration. Le calme est le fertilisant de l’attention.
Éloigner les outils numériques, notamment le smartphone, vous permet d’éviter les sollicitations externes ou intempestives et arriver à réaliser une tâche efficacement.
- Les heures de superpuissances (HS)
Gloria Mark, professeure du département d’informatique de l’Université de Californie à Irvine, également interrogée par Quartz, explique que nous mettons vingt-trois minutes et quinze secondes pour nous remettre au travail après avoir été interrompus.
L’heure de superpuissance fait appel à la concentration. Se concentrer est un acte volontaire, qui maintient l’attention à son plus haut niveau.
Ces processus sont interdépendants :
– Plus nous sommes concentrés sur quelque chose, moins nous sommes conscients de ce qui se passe autour de vous.
– Inversement, plus nous portons notre attention sur de tout ce qui se passe autour de nous, plus nous allons trouver très difficile de nous concentrer sur quelque chose en particulier.
Mettre en place des Heures de superpuissance c’est donc stabiliser le plus longtemps possible notre fonction attentionnelle. Nous établissons ainsi une différence très nette entre ce qui est pertinent pour la tâche à réaliser et le reste, ramené au rang de bruit de fond. Enfin, nous mettons en œuvre, souvent de façon implicite, une manière de réagir aux variations de notre objet d’attention.
merci pour ces informations qui sont très utiles félicitations
Article très pertinent Sanaa et tellement d’actualité ! Justement, je me disais ces jours-ci que je devrais mettre de côté mon smartphone plus souvent. En effet, ce sentiment de temps « qui file » comme vous l’écrivez dans l’article est véridique, avec cette impression de ne pas arriver à « tout faire ». J’ai pris plaisir à lire votre article que je trouve enrichissant et très bien organisé ! Au plaisir peut-être de vous rencontrer bientôt ! En effet, je suis Ambassadrice de l’Institut Alpha depuis quelques mois après y avoir suivi la formation Coach Expert !